DOSSIER – La vermifugation des équidés
Publié par SEO740185 le
DOSSIER - La vermifugation des équidés
Les parasites digestifs du cheval restent une source d’inquiétude pour les propriétaires : ils peuvent être responsables d’amaigrissement, de mauvais état général, voire de coliques.
Leur gestion passe par la vermifugation et la gestion de l’environnement.
La vermifugation systématique à hauteur de 4 fois par an (à chaque changement de saison) a longtemps été pratiquée, cependant elle a entraîné l’apparition de populations de parasites résistants aux molécules. Malheureusement, le nombre de molécules disponible pour traiter les chevaux est faible, et aucune nouveauté n’est prête à apparaître. Il est donc indispensable de faire appel à une vermifugation raisonnée.
à Quelques notions sur le parasitisme interne des équidés
Par définition, un parasite est un organisme vivant au détriment d’un autre. Les parasites digestifs du cheval peuvent être séparés en 3 grandes familles : les nématodes (vers ronds), les cestodes (vers plats) et les insectes (gastérophiles).
Le parasite va suivre plusieurs stades dans sa vie : adulte – larve – œufs ; chacun d’entre eux n’ayant
pas le même lieu de vie. La succession de ces différents stades est appelé cycle parasitaire. Ce cycle comporte 2 phases :
– Phase externe (dans l’environnement) : les oeufs se transforment en larves
– Phase interne (dans le cheval) : ingestion des formes larvaires ou des oeufs ; évolution des larves qui peuvent se transformer en adultes, qui vont se reproduite pour donner des oeufs qui seront excrétés dans l’environnement.
Parasites de l’estomac :
– Gastérophiles : Mouches pondant leurs œufs sur les poils, ensuite ingérés. Les larves se fixent alors à la paroi de l’estomac ou dans la bouche.
Très fréquent
Faiblement pathogène (anémie)
Parasites de l’intestin grêle :
– Strongyloïdes westeri : Petit nématode non pathogène chez l’adulte (une immunité se met en place), et très pathogène chez le jeune poulain.
Peu fréquent
Fort pouvoir pathogène (entérite)
– Ascaris (parascaris equorum) : Nématode peu pathogène chez l’adulte (immunité) mais pouvant être très pathogène chez le poulain jusqu’à 2 ans.
Fort pouvoir pathogène (retard de croissance, coliques, obstruction digestive)
Fréquent
– Ténias (anoplocephala perfoliata) : Cestode pathogène chez le cheval adulte.
Très fréquent
Souvent asymptomatique (entraîne parfois des coliques de type spasmodique)
Parasites du gros intestin :
– Strongylose (genre strongylus sp.) : Nématodes (« grands strongles »)
Peu fréquent de nos jours
Fort pouvoir pathogène (coliques)
– Cyathostomose : Nématodes (« petits strongles »), ils représentent l’infestation larvaire digestive la plus fréquente et la plus pathogène. Les larves peuvent entrer en hypobiose dans la muqueuse de l’intestin : il s’agit d’un état de « dormance », durant lequel les larves stoppent leur développement, et le reprennent dès que les conditions environnementales sont plus favorables. Cela entraîne l’éveil de nombreuses larves au même moment, et l’apparition de symptômes.
Très fréquent
Fort pouvoir pathogène (diarrhée, anémie, mauvais état général)
– Oxyurose (oxyuris equi) : Petits nématodes.
Fréquent
Peu pathogène (prurit anal)
à Diagnostic des parasitoses
L’analyse coproscopique est l’examen de choix pour diagnostiquer une parasitose.
Il s’agit de l’examen au microscope de crottins afin d’identifier et de compter les œufs des parasites présents.
Selon le nombre d’œufs trouvés, on recommandera ou non la vermifugation. Par exemple, un cheval qui montrera un nombre d’œufs supérieur à 200 œufs par gramme (opg) sera à vermifuger.
Les coproscopies peuvent être réalisés individuellement, ou sur un mélange de crottins d’un effectif (écurie par exemple).
Ce genre d’analyse va permettre : de vérifier le statut parasitaire de votre cheval et d’adapter le plan de vermifugation.
à Comment lutter contre le parasitisme ?
Donner des vermifuges c’est bien, mais aujourd’hui il existe de nombreuses résistances : la molécule que vous allez donner peut ne pas être efficace.
Il est donc important et nécessaire de s’occuper de l’environnement : 90% des éléments parasitaires se situent dans l’environnement versus 10% à l’intérieur des chevaux ! En interrompant le cycle parasitaire via sa partie externe, on va donc diminuer l’infestation des chevaux.
Selon la population concernée et son mode de vie :
– Chevaux au pré : Il faut éviter le surpâturage (un hectare pour un cheval – si la densité de chevaux est multipliée par 5 alors le risque d’infestation est multiplié par 25 !), faire un maximum de lots par classe d’âge (notamment pour les jeunes non immunisés), alterner les espèces (chevaux et ruminants), éviter le changement de pâture après la vermifugation.
– Gestion des pâtures : Réaliser une rotation des parcelles, faire pâturer des bovins après des chevaux, ramasser les crottins, broyer et herser les parcelles, drainage des parcelles humides…
– Chevaux ayant accès à des paddocks : Ramassage quotidien des crottins indispensable
– Chevaux au box : Retrait des crottins tous les jours, curer régulièrement, nettoyage des mangeoires et abreuvoirs, désinfection annuelle.
Et concernant nos vermifuges ?
Aujourd’hui il est admis qu’il faut faire appel à une vermifugation raisonnée : on ne vermifugera pas pareil selon l’âge, les conditions de vie et la période de l’année.
Au sein d’un même effectif, il existe plusieurs populations : les individus faibles excréteurs ; excréteurs modérés ; forts excréteurs. Les études ont montré qu’au sein d’un effectif, 80% des parasites (adultes, larves, œufs) sont hébergés et éliminés par uniquement 20% de la population.
Le reste de la population est ainsi capable de contrôler l’excrétion fécale des parasites, et il faut donc éviter de les vermifuger : ainsi, leurs parasites vont garder leur sensibilité aux molécules.
En conclusion, il faudrait vermifuger uniquement les forts excréteurs, voire les excréteurs modérés.
à Les recommandations finales
Il en est fini de la vermifugation systématique 4 fois par an.
Si nous voulons que les vermifuges gardent leur efficacité pendant encore de nombreuses années, il est indispensable de changer notre façon de faire. Cela passe par :
– La gestion de l’environnement
– L’identification des chevaux forts excréteurs et faibles excréteurs afin de ne vermifuger que les premiers
– L’adaptation de la molécule à la période de l’année et aux résultats de la coproscopie.
(Saison de pâture : strongles, ténias, ascaris / Hiver : gastérophiles, larves de strongles / Toute l’année : oxyures)
Un suivi coproscopique de tout l’effectif peut être mis en place afin d’adapter au mieux le plan de vermifugation de votre écurie.
Notre équipe est à votre écoute en cas de questions, et sera ravie d’y répondre !